La dermite chez le cheval : une affaire de peau… et bien plus !
- Audrey Moureaux
- 4 juil.
- 4 min de lecture
La dermite estivale récidivante (DERE), aussi appelée dermite ou dermatite, est une réaction allergique aux piqûres d’insectes hématophages (comme les culicoïdes, taons ou moustiques).

Cette affection inflammatoire est souvent saisonnière, mais peut devenir chronique si l’animal y est sensibilisé chaque année.
Des signes qui ne trompent pas
Les chevaux atteints présentent :
Démangeaisons intenses (surtout crinière et queue)
Perte de poils et crins, croûtes, plaies
Épaississement de la peau
Parfois, perte d’état général (refus de sortir, isolement…)
La cause ? Une réaction immunitaire à la salive injectée par l’insecte au moment de la piqûre (ou plus précisément à une protéine contenue dans la salive qui évite la coagulation du sang de l’animal). Ce système de défense s’intensifie avec les années s’il n’est pas pris en charge.
Facteurs aggravants : terrain sensible et environnement
La génétique, la qualité de vie, la santé de la peau ou le microbiote intestinal peuvent jouer un rôle déterminant. Une peau fragilisée ou un microbiote déséquilibré rendront le cheval bien plus vulnérable.
Le surpoids est également un facteur aggravant à ne pas négliger : il favorise un état inflammatoire chronique dans l’organisme, diminue l’immunité, surcharge les émonctoires (notamment le foie) et complique la gestion des crises. Un cheval trop gras aura aussi plus de mal à réguler sa température ou à se défendre face aux agressions extérieures, dont les piqûres d’insectes.
Et la nutrition dans tout ça ?
Si l’alimentation ne guérit pas la dermite, elle peut en revanche limiter les réactions inflammatoires :
· Maintenir un poids optimal : le surpoids aggrave l’inflammation.
· Soigner le microbiote intestinal : un intestin poreux ou déséquilibré affaiblit l’immunité.
· Éviter les pics d’insuline (limiter les céréales riches en amidon).
· Soutenir la peau via des apports en cuivre, zinc, sélénium, vitamine E, oméga 3 (huile ou graines de lin bien préparées).
Approches complémentaires : shiatsu & naturopathie
Le shiatsu, par ses effets relaxants et son travail sur l’énergie (notamment la loge "métal", associée au poumon, à la peau et au gros intestin), peut aider à restaurer l’équilibre interne du cheval, surtout s’il y a un stress latent ou de l’anxiété. L’objectif : relancer l’énergie défensive et soutenir l’autorégulation du corps.
Chez le cheval atteint de dermite, le shiatsu vise avant tout à :
· apaiser le système nerveux, notamment en cas de stress chronique ou de forte émotivité (facteurs aggravants bien connus de la maladie) ;
· stimuler la circulation de l’énergie dans les méridiens liés à la peau, à l’immunité et à l’élimination, en particulier ceux de la loge "métal" (poumon, peau, gros intestin) ;
· renforcer l’énergie défensive (le "Wei Qi"), sorte de barrière énergétique naturelle contre les agressions extérieures (dont les insectes font évidemment partie) ;
· favoriser une meilleure autorégulation du corps, en rétablissant les grands équilibres internes (digestifs, émotionnels, énergétiques…).
Le shiatsu peut être intégré à un protocole saisonnier, ou pratiqué régulièrement en prévention. Une séance au sortir de l’hiver, par exemple, aidera à préparer l’organisme à faire face aux agressions extérieures de la belle saison, tandis qu’un suivi pendant la période de crise pourra limiter les flambées inflammatoires, améliorer le confort général et soutenir le moral de l’animal.
La naturopathie, elle, cherche à détoxifier en profondeur en agissant sur trois organes clés :
· Le foie, pour filtrer les toxines
· Les intestins, pilier de l’immunité
· La peau, souvent "émonctoire de secours"
Un protocole de fond est conseillé : soutien digestif et hépatique, ajustement de la ration, drainage doux, renforcement du système immunitaire et gestion fine de l’environnement (éviter les zones infestées, utiliser des répulsifs, couvertures, soins locaux...).
Objectif : restaurer un terrain sain pour que la peau remplisse à nouveau son rôle de barrière.
Soins naturels en externe
Des plantes comme le souci, la guimauve, le plantain ou la camomille soulagent efficacement la peau. Appliquées en infusions, cataplasmes ou baumes, elles adoucissent, cicatrisent et limitent les démangeaisons.
Plantes à usage interne pour soutenir les fonctions clés :
· Desmodium ou artichaut : régénération hépatique
· Fumeterre : drainage doux, digestion, antiallergique
· Pensée sauvage : drainage cutané, anti-inflammatoire
· Camomille : calmante, antispasmodique, fongicide
· Plantain : antiallergique, apaisante
· Bardane (racine) : draineur peau & foie, utile chez les chevaux en surpoids
· Ortie / cassis / spiruline : antihistaminiques naturels
· Millepertuis (attention car photosensibilisant)
· Avoine : calmante du système nerveux et de la peau
✅ À administrer sous forme de tisanes concentrées, extraits fluides (EPS) ou gemmothérapie selon les besoins. Attention aux dosages et aux fenêtres thérapeutiques (consultez un spécialiste pour obtenir un protocole sur-mesure adapté à votre cheval) !
Anticiper, c’est gagner !
En hiver :
· Travailler sur le terrain : digestion, carences, inflammation, équilibre acido-basique
NB : le lithothamne, vinaigre de cidre, argile, bicarbonate de soude… ont une action basifiante sur l’organisme !
· Soutenir la peau avec MSM, oméga 3 (huile ou graines de lin extrudé p. ex.)
NB : MSM = abréviation de méthylsulfonylméthane ; c’est un composé naturel soufré, que l’on retrouve dans certains végétaux, le lait, ou encore dans le corps des animaux. En phytothérapie et en nutrition équine, il est largement utilisé pour ses propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et détoxifiantes.
En janvier-février :
· Préparer l’arrivée des insectes : soutien du foie avec des plantes qui régénère la cellule hépatique (desmodium ou artichaut), cure de plantes avec un effet antihistaminique (ortie, plantain, cassis - en gemmothérapie - ou la spiruline).
En saison à risque :
· Protection externe (couvertures, masques, répulsifs…)
· Hygiène des zones de vie (curages réguliers des box, ramassage des crottins en pâture)
· Soins locaux (cataplasmes, douches froides, compresses de plantes)
· Gestion émotionnelle
À retenir :
· La dermite ne se guérit pas, mais elle se gère durablement
· C’est un déséquilibre global, pas une simple réaction cutanée
· Le cheval a besoin d’un soutien de fond : alimentation, environnement, flore intestinale, émotions
· Il faut anticiper chaque saison et adapter les soins !
🔎 Ce contenu est issu d’un webinaire organisé par Marion Magin, créatrice de Cheval Connect. Un tout grand merci à elle pour l'organisation de ce webinaire enrichissant et passionnant et à ses intervenants pour le partage généreux de leurs savoirs :
Christelle Pernot - MTC - Shiatsu
Sabrina Peyrille - Nutritionniste
Coline Pourtier - Naturopathe
Elsa Lauzeral - Naturopathe et Shiatsu
Laura Grosset - Aromathérapie
Marion Mangin - Organisatrice
Florian Dedoubat - Neuro Ostéopathe
Pour en savoir plus : les-mains-de-marion.fr




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